mardi 26 août 2014

Entraînement Massif des Maures - Août 2014

sms du Gros Fruch : tu me réserves une sortie vtt samedi matin ? Pas de P, je vais te montrer qlq sentiers bien sympathiques dans le Massif des Maures, mon terrain de jeu.

Départ à 9h, enfin 9h20 puisque Nath a décidé de faire un petit rallongi bien involontaire pour me rejoindre. Il arrive en sueur le pauvre alors que je sors à peine de mon 4e tour de rond point. On attaque d'entrée un petit sentier. Dans l'euphorie, je réussis à me tromper de direction. J'ai un peu bossé sur la sortie du jour pour faire de l'inédit. Même si  ça lui aurait fait du bien de refaire le parcours Greenman sans se tromper, mdr!

Je lui propose d'essayer la Machina, le Monstre, le Spark SL... en échange de son Scale. Pas besoin d'être expert pour se rendre compte de la différence. Son vtt (semi-rigide) est raide comme un bout de carbone. Le poste de pilotage est carrément différent et il a gonflé ses pneus comme un porc pour rouler sur le bitume.

Scott Scale XX1 ou



Scott Spark SL, ma religion est faite
En avant pour la première difficulté. Ça arrache un peu. Nath a un reste de jambes d'Embrun et moi un reste de boulot (+50h/semaine). Je souffre un peu. Accalmie provisoire avant d'attaquer un sentier assez étroit qui serpente entre les sommets du coin. Grande descente où je n'ai plus de mains ni d'avant-bras, rendez-moi mon vélo!

Nath en haut de la première difficulté

Il faut bien remonter un jour et nous choisissons la piste de l'Anguille qui se termine par un beau raidar. On souffle un peu avant d'attaquer en sens inverse notre précédent sentier. Je monte en tête cette deuxième partie de bosse, le Gros est cuit. Je déconne Nath, je déconne, t'es pas gros. Deuxième petite descente et là c'est la boulette. Ma roue avant part en sucette et je m'explose sur le sol.


Le temps de l'insouciance

Les âmes sensibles sont priées d'arrêter de lire ce récit ici!

Je prends donc une belle boite et atterri pile poile sur la hanche. Nath arrive une plombe plus tard et me retrouve allongé comme une bouse, son vélo gentiment étendu à côté de moi. Monsieur se met à plaisanter et imagine déjà la mise en scène. Il est 10h45 selon mon Polar.

Mais la plaisanterie est de courte durée quand il voit du sang coulé de mon cuissard. J'ai beau être matinal, j'ai mal (parodie de TéléMatin pour les incultes). Incapable de me lever. Ouch, comment va-t-on faire, perdus dans la pampa ? Le Fruch est imperturbable, pas le genre à perdre son sang froid le gars (il a fait les commandos en Indo, enfin j'imagine).

Y a pas qlq chose là ?

Je me demande ce que j'ai : luxation coxo-fémorale, cadre obturateur pété... déjà fait, bassin cassé... déjà fait, os iliaque broyé (j'ai regardé la série Urgences et suis maintenant très calé). J'ai la hanche qui a doublé de volume et pense à un problème au niveau de la tête de fémur. Le truc merdique par excellence. Bref, je pisse doucement le sang au niveau de la crête iliaque. Zut, j'ai pas envie de me vider. On fait une tentative pour se lever mais l'animal a mal. Je reste assis.

Par chance, nous sommes juste au dessus d'une DFCI et deux vélos accompagnés par leur propriétaires passent 30m en dessous. Hou hou... on est dans la mouise, y a qlq'un ?  Vous pouvez nous aider ? J'avoue qu'avant cet épisode de convivialité montagnarde, je ne souhaitais pas voir Nath m'abandonner pour chercher des secours. Vidage de sang plus souffrance égal petit stress...

Le monsieur que nous avons interpellé appelle les pompiers et annonce l'endroit où l'on se trouve. Bon c'était pas vraiment le bon (endroit) mais ça a impressionné Nath. Il prend le téléphone à son tour et indique nickel au régulateur les coordonnées GPS de son Garmin. Position qui ne sert à rien pour les secours terrestres. Bref c'est la memère c'est la mémerde. Je tente de contacter entre temps mon pote Bernard (organisateur de la rando vtt : la Maurin des Maures) qui ne répond pas. Pas grave, j'ai le pompier de La Londe au tél et lui explique ma position, il comprend, ouf.

Allo les pompiers ?

Je souffre depuis maintenant une bonne heure (il est 12h d'après Nath...) avant de voir apparaitre mes "sauveurs" en uniforme de pompiers (de La Londe). Super sympas, attentionnés mais sans médoc ni morphine... il ne me soulage pas tout à fait. Par contre il me découpe mon cuissard Castelli pour faire un pansement et là je chope les boules...

Mon cuissard...


Le SAMU doit arriver. Les pompiers ne me disent ni le jour ni le mois mais j'ai confiance. Re-jour de chance, je tombe sur un bon urgentiste (d'après mes copains en uniforme). Il est 12h45 environ. Il va me perfuser pour me soulager. Il ne me dit pas quand mais je sens qu'il va le faire dans la journée. 

Alors vous avez quoi mon brave monsieur ?

Vous allez finir par croire que je suis impatient. Que nenni, je souffrance en silence depuis presque deux heures.

Ma dose, ma dose, je tape dans les mains (joke) pour encourager le petit homme en blanc qui fait grosso modo deux fois la taille du Fruch (je parle bien de hauteur, pas de largeur). Auparavant, il me perfuse avec du Paracétamol. Au purée, il me prend pour un jambon, c'est ça l'anti-douleur des montagnes ? Non, il finit par m'injecter une giclée de morphine. Effet immédiat, tête et jambes à 55°C. Je ne suis pas bien mais je ne souffre plus. La perf est accroché aux branches d'un arbre. Nous venons de créer la première éco-perf.

Eco-perfusion

L'urgentiste diagnostique une fracture ouverte de la crête iliaque. Bien vu. Je n'ai pas touché la tête de fémur, ouf. Je vais finir par croire que c'est mon jour de chance. Et on fait quoi maintenant. Le soleil a tourné et j'en prends plein la tronche. Faudrait songer à bouger non ? La descente en brancard, même pas en rêve. A la limite avec des flambeaux mais il fait jour et là je dis non. Le mec inflexible quoi.

Qui plus est, on ne me demande pas mon avis. Je suis à terre et même dans la terre et personne ne consent à prendre mon avis. J'ai bien envie de partir, tel un Prince avec son joli carrosse. Je ne sais pas ce qui me retient. La douleur peut-être. 

Un tour en hélico ?, ça tombe bien, l'urgentiste a la même idée. Il ne me dit pas quand l'engin volant va venir mais je sens que ça peut-être dans l'année. L'hélico est à Sainte Anne (hôpital militaire de Toulon), il doit faire le plein au Luc (il parait que l'essence est moins chère la-haut) avant de passer me prendre...

Qué blagueur ce Fruch

Enfin, nous entendons l'hélico. Nath est toujours là. Il doit trouver le temps long parce que moi je le trouve farouchement long le temps. Discret mais toujours prêt à me soutenir et à rendre ma sieste plus agréable. Ça fait quand même plusieurs heures (il doit être 14h au moins) que je partage ma couche avec les taons, les fourmis et les lombrics.

L'hélico fait un petit tour pour déposer un gars et me préparer au vol. Ca fait une poussière ce truc. Je suis tout sale. Les pompiers et les mecs de la Protection Civile me "coque". Et là si tu as une envie pressante, t'es mort! Sanglé, momifié, je tente de sortir la tête pendant l'hélitreuillage pour profiter du paysage. Une fois dans l'hélico, je ne verrais plus rien! Au prix que ça coûte, c'est déconné.

Je ne dors pas, je tente de respirer...

Pas sérieux 2 secondes le gars!


La vue est belle de là-haut mais j'ai pas vu grand chose

J'ai lâchement abandonné Nath pour rejoindre les urgences de Ste Anne. Je ne sais pas ce qu'ils me font en arrivant, ils sont une 10e autour de moi et pouf dans le scanner. Ça sera la dernière image avant mon réveil en salle de réveil...


On est pas bien là

Résultat des courses : maman je n'ai rien aux dents. Juste une fracture légèrement ouverte au niveau de la crête iliaque droite. 45 jours de lit. Je prends un petit coup derrière les oreilles. Mais on garde le moral.


Ce truc à la main, c'est juste insupportable

J'aurais passé 2 jours interminables dans un super super hopital (accueil, confort, bouffe..) et me voici chez moi prêt à écrire pleins de nouvelles aventures (imaginaires) et je l'espère bien réelles dans qlq mois.

Merci aux touristes qui ont appelé les pompiers, merci aux pompiers, merci aux urgentistes et merci à toute l'équipe de l'Hopital de Sainte Anne, au top. Merci à ma femme qui a un peu trop tendance à me récupérer à l'hopital et qui va finir pas se lasser.

Et puis last but not least, big thanks à Nath qui m'a permis de rester "zen" pendant ces qlq heures "difficiles"...

Keep in touch



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